La place prêt du hublot

Tiens c’est ici !

Sièges 11 A 11 B ET 11 C

Je prends la place à côté du hublot comme d’habitude.

Attends, je prends mon IPod, mon casque…tiens voilà tes bonbons, ton sterimar, et des mouchoirs, vous avez besoin d’autres choses avant que je range mon sac.

Ça va vous êtes bien installés ?

A chacun de nos voyages en avion nous avons le même rituel. Nous prenons toujours des places au milieu de l’avion.

En ce qui me concerne, le siège 11 est parfait. Situé à proximité en général d’une issus de secours, il me rassure. Pour ma fille c’est un peu moins la joie car elle est embêtée pour prendre des photos par les ailes lui gâchent un peu la vue. Il arrive fréquemment qu’on se livre une petite bataille à celles des 2 qui aura la place juste à côté du hublot. Cela fini en général par une petite querelle, que mon mari fini par trancher : l’une à l’aller l’autre au retour.

Bien sûr ma fille fait l’aller, et moi, et bien je lui cède la place au retour. Avec ses yeux de biches, et ses câlins avant d’embarquer je craque à chaque fois.

Grrrr !

Parfois, il arrive qu’elle ne réclame pas et respecte notre accord. Comme ce jour là.

Cette place N° 11A m’offre alors une vue sur le monde pendant que nous sommes confinés dans cette carlingue qui craque régulièrement. Mon esprit s’évade par cette mini fenêtre sur l’extérieur vers l’infini et l’au-delà.

J’ai envie de plonger dans cette mer de nuages, le ciel d’un bleu pur invite à regarder au-delà de l’horizon qui n’en fini pas. Tout à coup, les nuages s’espacent de plus en plus, il laisse place à la mer. Là-bas tout en bas, l’eau cristalline est digne d’une vrai carte postale, un voilier, une île désertique au milieu de nulle part, dans mes écouteurs la musique me donne l’impression d’être dans une vidéo Best of Summer.

Ce n’est pas un rêve, je lâche prise. Le temps file … je viens d’assister a un spectacle unique, le ciel vient de passer par une multitude de nuances d’oranges et de bleus, le roi soleil vient de tirer sa révérence. A l’extérieur la nuit noire m’apaise encore plus. Des milliers de petits points lumineux dessinent des formes géométriques. J’aimerai figer l’instant, et relier tous ces petits points.

Mes paupières sont de plus en plus lourdes, il fait aussi sombre dans l’avion qu’à l’extérieur. Le sommeil aura raison de moi. Installeé dans ce siège N°11A, je plonge dans un semi coma. La musique est toujours là, elle me berce, elle accompagne mon rêve …

Soudain les lumières s’allument, nous allons bientôt atterrir.

Ma fille est là à côté de moi, elle me sourit. Heito me fait un clin d’œil, et esquisse un sourire lui aussi.

L’avion se pose en douceur, personne n’applaudit, je regarde par le hublot. Nous sommes le seul avion sur le tarmac, bizarrement il n’y a personne dehors.

L’avion s’arrête.

On se lève, je jette un dernier coup d’œil au siège N°11, nous sortons en empruntant la passerelle. L’aéroport est horriblement silencieux, tout le monde parle à voix basse. Nous nous dirigeons tous machinalement vers la sortie au plus vite, il flotte dans les airs une odeur de brûlé.

Nous sommes en avril 2016, notre vol est un des premiers à atterrir après les attentats à l’aéroport de Bruxelles.

Je me rappellerai longtemps de ce vol si particulier.

Ce billet participe au rendez-vous Un jour des mots de Cédric du blog From Yukon. Un rendez-vous éphémère qui durera le temps qu'il faut. Y participe qui veut, au jour le jour.

Vous commencez à connaître le principe.

Retrouver ma précédente participation en un clic 

Chypre vue du ciel

Mer de nuages retour depuis la Crête

USA vue du ciel retour de Miami