En France, cher pays de mon enfance !
En cette belle période de vacances, quand le ciel s’étire lentement et que les après-midis s’alourdissent de chaleur et de promesses de farniente, je me surprends à rêver. À fermer les yeux. À remonter le fil du temps. Et comme souvent, mes souvenirs me ramènent là où tout a commencé : en Bretagne, là où les étés avaient une saveur d’iode, de sable chaud et de crêpes au sucre et beurre salé.
Je me souviens de ces départs en vacances, préparés des jours à l’avance comme une expédition. Mon père vérifiait la voiture. Ma mère emballait soigneusement les sandwiches dans du papier aluminium, prévoyait les bouteilles d’eau… et le sac plastique, que je connaissais bien. Car il faut le dire : j’ai toujours eu le mal des transports.
Nous faisions la route en deux jours, à bord de notre fidèle Renault 10, une voiture qui sentait le plastique chaud et l’essence. Elle n’avait pas de climatisation – à l’époque, qui en avait ? – ni gps et pour se protéger du soleil, on coinçait une serviette dans la fenêtre côté passager. Les sièges en skaï collaient à la peau nue de mes jambes, et dès les premiers kilomètres, je posais la question rituelle : « On est bientôt arrivés ? » Mon père soupirait, ma mère tentait de me distraire, et moi, quelques virages plus loin, je finissais le nez dans le sac, pâle et nauséeuse. C’était le début des vacances.
Ces trajets vers la Bretagne ont rythmé les quarante premières années de ma vie. Parfois avec impatience, parfois avec excitation, mais toujours avec la certitude que là-bas, au bout de la route, m’attendaient des retrouvailles précieuses avec la mer, les embruns, et une forme de liberté que je n’ai retrouvée nulle part ailleurs.
Au fil des ans, le paysage du voyage a changé. J’ai vu les petits hôtels de bord de nationale fermer leurs portes les uns après les autres. J’ai vu les voitures s’équiper peu à peu de la climatisation, des vitres électriques, de GPS.
Et pourtant, à chaque fois, malgré les kilomètres, malgré les années qui passaient, quel bonheur de retrouver Carnac. Les alignements de menhirs me donnaient toujours le frisson, comme si je pénétrais un monde ancien et sacré. Enfant, je courais entre les pierres comme dans une forêt enchantée. Adulte, je les observe derrière un grillage.
Et puis il y avait la plage de Kherhilio, avec ses grandes étendues de sable, ses rouleaux un peu traîtres, et ses algues qui me faisaient si peur. Nous y passions des journées entières, installés avec nos serviettes râpées, nos parasols tordus et les glacières bleues pleines de melon, de tomates, et de pain de mie. J’adorais construire des châteaux de sable, jouer au tennis avec maman, et surtout, manger une glace en fin d’après-midi, les pieds encore humides.
Autre lieu de mon cœur : Larmor-Baden. Un nom doux à l’oreille, presque chantant. Son petit pont de pierre qui en quelques métres me faisait passer de ma vie de working girl à vacancière. C’était un endroit calme, moins touristique, presque secret. J’y ai appris à observer les marées, à reconnaître les coquillages, à respecter le rythme de la nature. C’est là que j’ai compris que la mer est à la fois nourricière et indomptable.
Avec le temps, les vacances se sont raccourcies. D’abord deux semaines pleines, puis dix jours, puis une petite semaine « parce qu’il y a le boulot ». Mais une chose est restée intacte : cette émotion, ce pincement au cœur, quand j’approche de la Bretagne. Ce mélange de nostalgie et de joie pure. Ce parfum de souvenirs sucrés-salés.
Je me souviens des marchés du matin, pleins de couleurs et de voix. Du vent qui décoiffait, du sable entre les orteils. Des éclats de rire, des chansons dans la voiture, des cartes postales écrites à la hâte, souvent jamais postées.
Aujourd’hui encore, quand j’entends le mot « Bretagne », un sourire naît sur mon visage. Ce n’est pas seulement une région de France, c’est un morceau de moi. Un décor de cinéma où j’ai vécu les plus beaux étés de ma vie. Une terre de granit et d’écume, rude et douce à la fois, comme une main calleuse qui caresse tendrement.
Alors oui, en cette période de vacances, je vous embarque avec moi dans mes souvenirs. Ils sentent le monoï et le caramel au beurre salé, ils ont le goût du sable dans les sandwichs, le bruit des vagues et du vent dans les pins. Ce sont des souvenirs simples, sans luxe, mais pleins d’amour et de lumière. Des souvenirs vrais.
En France, cher pays de mon enfance, j’ai appris à aimer la mer, la liberté, et les petites choses. À me contenter d’un coucher de soleil, d’un cornet de glace, d’un plongeon dans l’eau froide. Et si un jour, vous passez par Carnac ou Larmor-Baden, peut-être croiserez-vous une silhouette émue, les yeux perdus dans les vagues. Ce sera moi. Ou une autre. Quelqu’un qui, comme moi, a laissé un morceau de son cœur entre deux marées.
Voilà une description flatteuse et affectueuse de cette belle région de France qu'est la Bretagne 👍.
RépondreSupprimerBon week-end.
Qui aime bien, en parle bien !
Supprimer800 Km pour rejoindre la famille en vacances !!! Qu'est ce qu'on a pu l'entendre ce "on est bientôt arrivés ???
RépondreSupprimerNous ne devons pas être les seuls !! :)
SupprimerJoli billet, intime et lyrique et les photos qui vont bien. J’adore la Bretagne aussi et mon petit coin secret se trouve tout près du golfe du Morbihan à Pencadenic ...
RépondreSupprimerTu n’as jamais songé à t’installer là-bas ?
Si mais le prix de l'immobilier nous en a dissuadé !
SupprimerAh les doux(loureux) souvenirs des sièges en skaï, dans la R16 pour moi !
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